A l’occasion de la sortie du troisième film Deadpool, nous avons retrouvé la critique du jeu Deadpool: The Game sorti en 2013 sur PC et consoles.
A l’époque où ce test a été publié, sur l’un de nos anciens sites, le super héros n’était pas très connu du grand public. En juin 2013 sur consoles puis sur PC, le titre précédait le début de la franchise de trois ans. Pour autant, les cinéphiles avaient pu découvrir une adaptation quelque peu loupée du mercenaire dans X-Men Origins: Wolverine dès 2009. Pas assez pour marquer les esprits, et surtout sans aucune vraie référence au comics. Puis donc, venait ce jeu de High Moon Studios qui offrait enfin une adaptation digne de ce nom. On vous laisse redécouvrir ce test dans son intégralité, tel qu’il a été publié le 1er août 2013.
Deadpool est un héros arrogant et totalement barré, doublé d’un obsédé sexuel. Alors quand on lui donne carte blanche pour être le héros de son propre jeu, il y a un fort risque de voir du LULZ et du WTF. Vous voulez des exemples? Lisez donc ce test. Deadpool c’est l’histoire d’un mec qui crève l’écran et aussi le quatrième mur. Héros pour beaucoup de fans de comics, anti-héros pour le reste de ses congénères, tantôt casse-bonbons, tantôt génial, Wade Wilson (de son vrai nom) est l’un des personnages de Marvel les plus charismatiques de son univers. À l’inverse d’un Superman, d’un Batman ou d’un Cyclops, il n’est pas lisse, il n’est pas gentil, il n’est pas beau, il n’a rien d’un brave, et pourtant, on ne peut que l’adorer. Deadpool a créé un style à lui tout seul. Dans le comic, c’est l’un des premiers héros à avoir eu comme pouvoir le «comic awareness». Parodie du «cosmic awareness» (pouvoir qu’ont certains héros de savoir ce qu’il se passe dans tout l’univers), Deadpool a conscience de ce qu’il se passe dans sa propre BD voire dans les BD des autres. Ainsi, il s’amuse à jouer avec le lecteur, avec son auteur, ou encore lorsqu’on lui demande «où est-ce qu’on se trouve», il répond tout simplement «page 47, case n°4». C’est un génie.
DAFUQ IS DAT??!?
Et Activision, en récupérant la licence, a eu l’occasion de remontrer une autre image de Deadpool que celle qu’a donnée le dernier film X-Men, à travers l’interprétation mitigée de Ryan Reynolds. Un personnage synonyme de pain béni pour tous scénarios de jeu d’action. Un personnage qui joue encore de son comic awareness d’ailleurs. Rien que le premier niveau permet de comprendre les ficelles du jeu, et la façon avec laquelle le personnage les contournera. Dans le premier niveau donc, il suffit d’explorer l’appartement du héros. On peut lui faire boire des bières jusqu’à ce qu’il dise que son facteur auto-régénérant (gènes de Wolverine inside) ne l’empêche d’être bourré, on peut s’endormir sur le canapé et se gratter les roupettes, on peut appeler l’un des doubleurs officiels Marvel par téléphone et lui dire qu’on ne veut pas de lui pour doubler les personnages… Et puis on reçoit le script du jeu. Deadpool n’hésite pas à parler avec le développeur, High Moon, et lui faire part de son ressenti sur les aventures qui arrivent. Mais il interpelle aussi le joueur pour lui dire quoi faire ou sur quel bouton appuyer. D’ailleurs, tout le jeu se basera sur de multiples interactions de ce genre. Deadpool discute en premier lieu avec le développeur, a conscience qu’il est dans un jeu, et essaie donc de façonner comme il l’entend la suite du scénario. De quoi se retrouver très rapidement dans un jeu 2D vue du dessus, à la Zelda, faute de budget, ou dans un bar-lounge rempli de minettes, juste pour le plaisir du héros.
Ensuite, Deadpool réagi à deux voix off dans sa tête, qu’on pourrait considérer comme la bonne et la mauvaise conscience, mais qui sont en réalité deux consciences aussi tordues que le héros, qui est légèrement schizophrène. Celles-ci s’expriment à travers des grosses bulles de comics qui s’affichent à l’écran. Là encore, au-delà de l’aspect techniquement habituel du procédé, on se retrouve dans des situations purement délirantes: à force de réfléchir, et de faire afficher des bulles, le mutant pourra les utiliser comme d’un escalier pour atteindre une autre plate-forme. En ce sens, le jeu regorge d’innombrables bonnes idées de gameplay, qu’il est rare de voir par ailleurs. Grossier mais efficace, si l’on veut résumer. Il faut dire que le côté totalement farfelu, déjanté et je m’en-foutiste de Deadpool aide bien.
Fun, boobies, Deadpool!
Au passage, l’univers Marvel est parfaitement retranscrit, puisqu’on aura à faire à de nombreux autres héros des X-Men et des amis de Deadpool. Tout ceci à travers une histoire autour des Sentinelles et de Mr Sinister. Il faudra donc parcourir des scènes issues des comics, comme Genosha ou les égouts des Marauders. Il y a certes beaucoup de fan-service dans ce jeu, qui ressemble à du beat’em all qui tâche à la X-Men Legends. On tape, on tabasse, on détruit, on atomise, on ramasse des points et de l’XP, et puis on dépense tout ça dans un menu afin de devenir encore plus fort. Pour cela, le héros disposera de multiples armes de jets, de tirs, et de poing. Notons ses armes habituels favorites que sont les sabres et les doubles pistolets, mais également des mines de proximité à la Goldeneye sur Nintendo 64, des saï de Tortues Ninjas, des grenades, des pièges à loup ou encore le très efficace marteau de Nicky Larson. Le personnage en lui-même peut également être amélioré car même s’il ne peut mourir du fait de ses pouvoirs, il peut tout de même finir en game-over s’il fait n’importe quoi. Enfin, Deadpool dispose d’une capacité de téléportation, qui permet de se déplacer de quelques mètres au début, puis un peu plus loin au fur et à mesure des épisodes du jeu, afin d’atteindre des plates-formes en hauteur par exemple.
Quant au personnage, parlons-en. Il ne fait que jacqueter. On savait le héros arrogant, irréfléchi, totalement immature et tête brûlée (au propre comme au figuré, il suffit de voir ce qui se cache sous sa cagoule rouge), mais High Moon a poussé le vice à son paroxysme. Entre ses deux voix dans la tête et ses réflexions personnelles, Wade parle sans cesse, en tuant, en tirant, en esquivant des coups, en pénétrant dans deux couloirs sombres ou en courant pour éviter des sentinelles. Certains pourront se lasser, un peu lorsqu’on coupe les commentaires de Pro Evolution Soccer à force de toujours entendre les mêmes réflexions. D’autres, comme votre serviteur, penseront plutôt qu’on ne pouvait pas mieux retranscrire l’égo et la folie du personnage, qui trouve encore des trucs à redire lorsqu’il est en train de crever. La bonne nouvelle est tout de même que le jeu est en VOST française, ce qui permet d’apprécier totalement les voix originales.
Ce qu’il en reste de l’expérience de Deadpool, après une quinzaine d’heures de jeux? Qu’on a exploré pas mal d’univers de l’histoire des jeux vidéo grâce au héros, qui se fout éperdument du scénario de son jeu, tout comme nous, et qui préfère plutôt s’intéresser à comment allier du fun et quelques paires de seins sur sa route. On tabasse en grande pompe dans des univers variés, des décors quoique légèrement vieillissants (un problème propre au style beat’em all/hack’n’slash) mais au moins imprégnés de l’univers Marvel, et sans grosses digressions. Quant aux animations, quelques peu répétitives, elles permettent d’enchaîner des dizaines de combos avec les très nombreuses armes à dispositions. Dommage que l’IA soit si inégale. Tantôt totalement débile, assez pour rester dans un coin en courant contre un mur, tantôt trop ardue, en rushant avec 50 amis sur notre héros, sans lui laisser la possibilité de se téléporter pour s’échapper. Heureusement qu’ils ne savent pas viser avec leurs armes. Quand on s’y penche vraiment, Deadpool n’est pas un très bon jeu, c’est un non-jeu. Une expérience, un ramassis de blagues potaches et d’univers déjantés, mal servi par un gameplay pas des plus reluisants, mais doté d’un potentiel de fun énorme grâce à un héros masqué qui a retrouvé toutes ses lettres de noblesse.
Note finale : 7 /10
Deadpool est une excellente adaptation du comic original. Fun, inventif, avec des vannes aussi excellentes que lourdes, et un héros au charisme explosif. On y rencontre bon nombre de personnages et d’univers Marvel, on se plait à jouer avec le héros, qui se retrouve charcuté, transformé en pirate, ou en personnage 2D. Mais au final, le jeu ne restera pas dans les annales car on bourrine son clavier, on a l’impression de faire le même niveau 100 fois de suite et on ne comprend toujours pas l’histoire. Et on en vient à penser que ce n’est pas une erreur de High Moon mais bien une volonté. C’est ce qu’aurait voulu Deadpool. Et nous, ça nous suffit.
Test effectué en 2013 sur un PC Quad Core i5 @ 3.3 Ghz, nVidia GeForce GTX 560Ti, 16 Go RAM DDR3. Autant dire que vous pouvez y rejouer maintenant sans problèmes. Si vous arrivez à le trouver !